Текст:Александр Пушкин:Песни западных славян
ПредисловиеПравить
Большая часть этих песен взята мною из книги, вышедшей в Париже в конце 1827 года, под названием La Guzla, ou choix de Poésies Illyriques, recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l'Herzégowine[1]. Неизвестный издатель говорил в своем предисловии, что, собирая некогда безыскусственные песни полудикого племени, он не думал их обнародовать, но что потом, заметив распространяющийся вкус к произведениям иностранным, особенно к тем, которые в своих формах удаляются от классических образцов, вспомнил он о собрании своем и, по совету друзей, перевел некоторые из сих поэм, и проч. Сей неизвестный собиратель был не кто иной, как Мериме, острый и оригинальный писатель, автор Театра Клары Газюль, Хроники времен Карла IX, Двойной Ошибки и других произведений, чрезвычайно замечательных в глубоком и жалком упадке нынешней французской литературы. Поэт Мицкевич, критик зоркий и тонкий и знаток в славенской поэзии, не усумнился в подлинности сих песен, а какой-то ученый немец написал о них пространную диссертацию.
Мне очень хотелось знать, на чем основано изобретение странных сих песен: С. А. Соболевский, по моей просьбе, писал о том к Мериме, с которым был он коротко знаком, и в ответ получил следующее письмо:
- Paris, 18 janvier 1835.
- Je croyais, Monsieur, que la Guzla n'avait eu que sept lecteurs, vous, moi et le prote compris; je vois avec bien du plaisir que j'en puis compter deux de plus ce qui forme un joli total de neuf et confirme le proverbe que nul n'est prophète en son pays. Je répondrai candidement à vos questions. La Guzla a été composée par moi pour deux motifs, dont le premier était de me moquer de la couleur locale dans laquelle nous nous jetions à plein collier vers l'an de grâce 1827. Pour vous rendre compte de l'autre motif je suis obligé de vous conter une histoire. En cette même année 1827, un de mes amis et moi nous avions formé le projet de faire un voyage en Italie. Nous étions devant une carte traçant au crayon notre itinéraire; arrivés à Venise, sur la carte s'entend, et ennuyés des Anglais et des Allemands que nous rencontrions, je proposai d'aller à Trieste puis de là à Raguse. La proposition fut adoptée, mais nous étions fort légers d'argent et cette «douleur nompareille» comme dit Rabelais nous arrêtait au milieu de nos plans. Je proposai alors d'écrire d'avance notre voyage, de le vendre à un libraire et d'emloyer le prix à voir si nous nous étions beaucoup trompés. Je demandai pour ma part à colliger les poésies populaires et à les traduire, on me mit au défi, et le lendemain j'apportai à mon compagnon de voyage cinq ou six de ces traductions. Je passais l'automne à la campagne. On déjeunait à midi et je me levais à dix heures, quand j'avais fumé un ou deux cigares ne sachant que faire, avant que les femmes ne paraissent au salon, j'écrivais une ballade. Il en résulta un petit volume que je publiai en grand secret et qui mystifia deux ou trois personnes. Voici les sources où j'ai puisé cette couleur locale tant vantée: d'abord une petite brochure d'un consul de France à Banialouka. J'en ai oublié le titre, l'analyse en serait facile. L'auteur cherche à prouver que les Bosniaques sont de fiers cochons, et il en donne d'assez bonnes raisons. Il cite par-ci par-la quelques mots illyriques pour faire parade de son savoir (il en savait peut-être autant que moi). J'ai recueilli ces mots avec soin et les ai mis dans mes notes. Puis j'avais lu le chapitre intitu<l>é. De'costumi dei Morlachi, dans ie voyage en Dalmatie de Fortis. Il a donné le texte et la traduction de la complainte de la femme de Hassan Aga qui est réellement illyrique; mais cette traduction était en vers. Je me donnai une peine infinie pour avoir une traduction littérale en comparant les mots du texte qui étaient répétés avec l'interprétation de l'abbé Fortis. A force de patience, j'obtins un mot <à> mot, mais j'etais embarrassé encore sur quelques points. Je m'adressai à un de mes amis qui sait la russe. Je lui lisais le texte en le prononcant à l'italienne, et il le comprit presque entièrement. Le bon fut, que Nodier qui avait déterré Fortis et la ballade de Hassan Aga, et l'avait traduite sur la traduction poétique de l'abbé en la poétisant encore dans sa prose, Nodier cria comme un aigle que je l'avais pillé. Le premier vers illyrique est: Scto s bieli u gorje zelenoï. Fortis a traduit: Che mai biancheggia nel verde Bosco.
- Nodier a traduit bosco par plaine verdoyante; c'etait mal tomber, car on me dit que gorje veut dire colline. Voil<à> mon histoire. Faites mes excuses à M. Pouchkine. Je suis fier et honteux à la fois de l'avoir attrapé, и проч.[2]
СодержаниеПравить
ПримечанияПравить
- ↑ Гузла, или сборник иллирийских стихотворений, собранных в Далмации, Боснии, Хорватии и Герцеговине (франц.).
- ↑ Перевод письма.